💣 Scénario réaliste d'une cyberattaque réussie dans une PME

Ou comment un simple clic peut compromettre tout un système d'information

Dans l’imaginaire collectif, une cyberattaque se résume souvent à "un ransomware qui chiffre tout". Mais la réalité est bien plus méthodique — et sournoisement silencieuse. Les attaquants suivent un enchaînement logique d’étapes, parfois sur plusieurs jours ou semaines, avec un objectif bien clair : accès maximum, impact maximum, pression maximum.

Voici une vue macro, simple et réaliste, d’un scénario d’attaque typique dans une PME.

🧩 1. Phishing réussi

Tout commence par un mail. Un message bien ficelé, souvent personnalisé, pousse un collaborateur à cliquer sur un lien piégé ou à entrer ses identifiants sur une fausse page. Résultat : l’attaquant récupère un premier accès, souvent un compte Microsoft 365 ou un compte VPN.

🔹 Objectif : premier pied dans la porte.

📥 2. Exploration de la boîte mail

Une fois connecté à la boîte, l’attaquant cherche des trésors : mots de passe envoyés par mail, documents internes contenant des accès, signatures, infos d’accès à des services, ou encore échanges IT sensibles.

🔹 Objectif : récolter des données utiles à une escalade future.

🔑 3. Extraction de credentials locaux

Si la machine de la victime est accessible (par exemple via OWA avec MFA désactivé, ou via un poste BYOD vulnérable), l’attaquant peut fouiller : navigateurs web, clients VPN/RDP, fichiers texte avec des mots de passe (eh oui, ça existe encore…).

🔹 Objectif : enrichir son arsenal d’accès.

🌐 4. Connexion au réseau via VPN ou autre point d’entrée

Avec les identifiants volés, l’attaquant teste l’accès à distance : VPN, portail RDS, ou autre solution d’accès externe. Une fois connecté au réseau interne, il commence à observer plus en profondeur.

🔹 Objectif : entrer dans le cœur du SI.

🪝 5. Implantation de persistance

Il ne veut pas être dépendant d’un seul accès. Il implante donc une backdoor, crée un nouveau compte (local ou AD), met en place un tunnel chiffré ou une tâche planifiée pour revenir discrètement.

🔹 Objectif : assurer une présence durable, même en cas de détection.

🧭 6. Mouvement latéral & élévation de privilèges

À partir d’un compte simple, il cherche à rebondir sur d’autres machines, à capturer des tickets Kerberos, ou exploiter une faille connue (ex : Zerologon, PetitPotam…) pour obtenir les droits administrateur sur le domaine.

🔹 Objectif : contrôler tout l’environnement AD.

📤 7. Exfiltration de données sensibles

Avant de passer à l’action destructrice, l’attaquant copie des données critiques : contrats, comptabilité, RH, fichiers clients, documents stratégiques. Ces données serviront pour faire pression lors de la demande de rançon (double extorsion).

🔹 Objectif : monétiser les données, même si la victime restaure ses systèmes.

🧨 8. Sabotage des sauvegardes

Il cible ensuite les sauvegardes : suppression des accès, effacement des copies, corruption des snapshots, suppression des versions cloud… Tout est fait pour rendre la restauration impossible sans payer.

🔹 Objectif : priver la PME de plan B.

🦠 9. Déploiement du ransomware

Le payload est lancé. À l’aide de scripts automatisés, de GPO ou d’un outil RMM détourné, le ransomware se propage et chiffre toutes les machines accessibles.

🔹 Objectif : paralyser l’activité de l’entreprise.

💰 10. Demande de rançon

Le chantage commence : “Vos fichiers sont chiffrés. Nous avons aussi copié vos données. Payez X bitcoins sous 72h, ou tout sera publié.”L’entreprise se retrouve alors seule face à un dilemme : payer, tenter de reconstruire, ou faire appel à des experts.

🔹 Objectif : passer à la caisse.

🚨 Ce scénario est simple, réaliste, et courant.

Et tout ça, souvent en moins de 72h, sans qu’aucun outil de sécurité ne tire vraiment la sonnette d’alarme.

✅ Comment l’éviter ? (pistes rapides)

• Sensibilisation régulière des utilisateurs (phishing, MFA, hygiène numérique)

• Supervision des logs et détection des comportements anormaux

• Cloisonnement du réseau et limitation des privilèges

• Sauvegardes inaccessibles depuis le SI (et testées régulièrement)

• Réaction rapide dès les premiers signaux faibles